Centralité(s), métropolisation et petites villes : pour un fondement méta-territorial de l’équité

Centrality(-ies), Metropolisation and Small Towns: Towards a Meta-Territorial Foundation of Equity

Introduction

Introduction

 

 

En France, qu’en est-il de la justice spatiale dans le contexte de la métropolisation, particulièrement à l’échelle régionale ? Selon les discours dominants et les « croyances partagées » (Grossetti, Bouba-Olga, 2018) en aménagement du territoire, les dynamiques métropolitaines produiraient leurs effets sur de vastes espaces qui au final en tireraient profit. Au-delà de ce périmètre d’influence, des territoires distants seraient logiquement marginalisés. Il n’y aurait donc, en prolongeant, « point de salut […] hors des métropoles » (Doré, 2017). Si cette idéologie métropolitaine a accompli et accomplit encore son œuvre, ses principaux animateurs n’en sont pas moins désormais amenés à penser aux conditions de l’indispensable ancrage territorial d’une destinée métropolitaine, pensée « hors sol », à pérenniser (Offner, 2018). Le mouvement de rattrapage « territorial » inauguré par le pacte État-métropoles de 2016 incite ainsi à reconsidérer le caractère distant de ces territoires. Ce pacte survient dans une période où les appels à projets de la politique d’aménagement du territoire se caractérisent par des tâtonnements des gouvernants (Crespy, Simoulin, 2016), lesquels cachent mal sa faiblesse[1]. Concevoir la métropole métropolisante (Offner, 2018) comme une métropole « territorialisée », perspective souhaitable pour des territoires durables multiformes intégrant aussi bien le droit au village (Buhler, Darly, Milian, 2015) que le droit à la ville, tout en affichant une cohérence d’ensemble, permet d’imaginer les voies d’un changement de paradigme. Les petites villes hors des grandes aires urbaines, dont le développement n’est pas à fondement métropolitain, appartiennent à ce territoire métropolitain d’extension optimale en termes de justice spatiale. L’appréciation des capacités et conditions de développement de ces villes-là réclame un positionnement qui ose renverser une lecture par trop inégalement polarisante de l’évolution de ces territoires. Nous trouvons chez Gwénaël Doré (2017) et Olivier Bouba-Olga (2017) des analyses du développement local encourageant une appréhension renouvelée de concepts déjà anciens (centralité, hiérarchie urbaine) et leur mobilisation au service d’une pensée de la ville, de la métropole et des territoires, revue à l’aune des ressources disponibles ; ressources localisées à partager tout en assurant leur pérennité en en faisant des composantes actives d’une métropolisation au service des territoires, de tous les territoires.

What is the situation, in France, regarding spatial justice in the metropolisation context, and on the regional scale in particular? According to prevailing discourses and “shared beliefs” (Grossetti, Bouba-Olga, 2018) on town and country planning, metropolitan dynamics have an impact on vast areas that, in the end, benefit from it. Beyond this perimeter of influence, remote territories should logically be marginalised and, by extension, there should be “no development prospect […] outside metropolises” (Doré, 2017). While this metropolitan ideology has been and is still active, its main promoters are still, to date, driven to think about the conditions in which the fate of a metropolis, conceived “non locally”, should indispensably be rooted in the territory in order to perpetuate that metropolis (Offner, 2018). The movement that sought to make up for territorial issues, as inaugurated by the pact signed in 2016 between the French State and its metropolises (Pacte État-Métropoles), calls for reconsidering the remote nature of these territories. This Pact came during a time when the calls for projects of the town and country planning policy, were characterised by the trials and errors of those in power (Crespy, Simoulin, 2016), thereby revealing the weakness of the Pact[1]. To imagine the metropolising metropolis (Offner, 2018) as a “territorialised” metropolis, a desirable perspective for multiform sustainable territories that include the right to the village (Buhler, Darly, Milian, 2015), as well as the right to the city while displaying overall coherence, makes it possible to imagine a change of paradigm. Small towns lying outside major urban areas and which, initially, were not meant to be developed as part of a metropolitan area, belong to the optimally extended metropolitan territory in terms of spatial justice. Appreciating the development capacities and conditions of these towns, calls for a reversal of the interpretation of the evolution of these territories, an interpretation which, otherwise, is far too polarising. In Gwénaël Doré (2017) and Olivier Bouba-Olga (2017), we find analyses of local development that encourage a renewed understanding of what are already old concepts (centrality, urban hierarchy), and the mobilisation of these concepts at the service of a conception of the town, the metropolis and its territories, revised according to available resources, i.e. localised resources to be shared while ensuring their durability, by making of them active components of metropolisation at the service of territories, i.e. of all the territories.

Les termes de la problématique et leur articulation sont explicités dans la première partie de ce texte. La deuxième précise les terrains et la méthodologie mobilisés, ainsi que les principaux résultats de cette recherche exploratoire. La troisième en livre une interprétation visant notamment des rapports de centralité plus justes entre territoires.

The terms of the problems and their structure are spelled out in the first section of this article. The second section specifies the fields and methodology used, as well as the main results of this explorative research. The third section offers an interpretation of these results, aiming at more equal centrality links between territories in particular.

 

 

Justice spatiale, centralité(s) : application aux relations entre métropoles et petites villes

Applying Spatial Justice and Centrality(-ies) to Relations between Metropolises and Small Towns

 

 

Justice spatiale

Spatial Justice

« Chaque théorie de la justice propose un langage qui nous dit quelque chose de l’égalité, de la liberté, de l’efficacité » (Gosseries, 2018, p. 830). Dans cette perspective, « il importe de dépasser les labels généraux » (idem) qui amèneraient, « en adhérant à une définition du juste proposée par un auteur et en en tirant des conclusions sur une situation particulière » (Gervais-Lambony, 2017, p. 84), à se référer à une théorie moniste de la justice sociale. Pour déterminer les points nodaux d’une conception de la justice sociale, Axel Gosseries en distingue trois caractéristiques : principes, métriques et champs d’application.

“Each theory of justice suggests a language that tells us something about equality, freedom and efficiency” (Gosseries, 2018, p. 830). In this perspective, “it is important to go beyond general labels” (idem) that would lead, “by adhering to a definition of fairness proposed by an author and by drawing conclusions from it as regards a specific situation” (Gervais-Lambony, 2017, p. 84), to refer to a monist theory of social justice. In order to determine the nodes of a conception of social justice, Axel Gosseries distinguishes three characteristics: principles, metrics and application fields.

Quant aux principes, notre conception de la justice sociale inclut la prise en compte d’une forme de perfectionnisme moral. Nous nous accordons sur ce point avec Robert D. Sack pour considérer que du point de vue d’un jugement intrinsèquement géographique, « il est bien de disposer d’une réalité qui est plus variée et complexe que l’inverse » (Sack, 2002, p. XV). C’est notre contribution de géographes à l’appel de Frédéric Dejean pour qui « le dialogue avec la philosophie politique et l’éthique doit encore être approfondi pour que la justice spatiale, sous ses multiples déclinaisons, possède des assises normatives solides » (Dejean, 2013, p. 183). L’argument selon lequel « les idéaux perfectionnistes appliqués aux individus et aux communautés rencontrent le champ de la fabrication des lieux » (Entrikin, 2007, p. 315) a été développé pour ce qui concerne « les pratiques démocratiques au-delà des frontières de l’État-nation » (ibid., p. 311). Nous l’employons ici pour valoriser l’habitabilité des petites villes et de leurs territoires dans les espaces non métropolitains. C’est en ce sens que notre conception de la justice sociale est plus spécifiquement une conception de la justice spatiale.

As far as principles are concerned, our conception of social justice includes taking into account a form of moral perfectionism. We agree on this point with Robert D. Sack to consider that, from the point of view of an intrinsically geographical judgment, “[…] it is good to have at one’s disposal a reality which is more varied and complex than not” (Sack, 2002, p. XV). This is our geographers’ contribution to the call of Frédéric Dejean, for whom “the dialogue with political philosophy and ethics still needs to be developed in greater depth for spatial justice, in its many forms, to have solid normative foundations” (Dejean, 2013, p. 183). The argument according to which “perfectionist ideals applied to individuals and communities meet the sphere of place creation” (Entrikin, 2007, p. 315), has been developed as far as “democratic practices beyond the borders of the nation-State” (ibid., p. 311) are concerned. We use it here to give greater value to the habitability of small towns and their territories in non-metropolitan areas. It is in this sense that our conception of social justice is more specifically a conception of spatial justice.

Compte tenu du champ d’application auquel elle s’adresse ici, celui de l’aménagement du territoire, notre conception de la justice spatiale prend aussi en compte la notion de faisabilité (Southwood, 2018). Dans ce champ d’application, nous nous accordons ainsi avec Edward Soja : « focusing in on specific examples of where and how (in)justice takes place helps us to ground the search for spatial justice in socially produced contexts rather than letting it float in idealized abstractions and too easily deflected calls for [...] radical revolution » (Soja, 2010, p. 31). En effet, le report de la réflexion sur la dimension spatiale de la justice à un futur indéterminé risque de laisser perdurer une « mythologie puissante, qui consiste à postuler que les espaces humains [...] peuvent être considérés comme relativement homogènes et indifférenciés » (Lussault, 2018, p. 912). Ceci alors que « l’organisation de leur cadre de vie par les êtres humains [...] conduit à un processus imparable de différenciation des espaces géographiques » (ibid., p. 913). La question centrale à laquelle est confronté le géographe, lorsqu’il s’interroge sur l’aménagement du territoire, est alors de savoir quelles formes de différenciation des espaces géographiques sont compatibles avec quelles conceptions de la justice sociale.

Considering the application field at which it is aimed here, that of town and country planning, our conception of spatial justice also takes into account the notion of feasibility (Southwood, 2018). In this application field, we agree with Edward Soja: “focusing in on specific examples of where and how (in)justice takes place helps us to ground the search for spatial justice in socially produced contexts, rather than letting it float in idealized abstractions and too easily deflected calls for […] radical revolution” (Soja, 2010, p. 31). Indeed, postponing any thinking on the spatial dimension of justice to an unspecified future, could easily lead to the endurance of a “powerful mythology that consists in postulating that human spaces […] can be considered as being relatively homogeneous and undifferentiated” (Lussault, 2018, p. 912), while “the organisation of their living environment by human beings […] leads to an implacable process of differentiation of geographic spaces” (ibid., p. 913). The central issue to which geographers are confronted, when they wonder about town and country planning, is to know which forms of geographic space differentiation are compatible with which conceptions of social justice.

Parmi les théories de la justice sociale, celle de John Rawls conserve une place importante dans la philosophie politique « parce que tous les théoriciens de la justice ultérieurs ont dû se définir par rapport à Rawls » (Kymlicka, 1999, p. 63). Mais on ne trouvera guère dans la « Rawls’s fundamentally [...] a historical notion of justice » (Soja, 2010, p. 76) de piste de dialogue avec la géographie, si ce n’est dans sa « sharp Westphalian distinction between the domestic and international spheres » (Fraser, 2010, p. 33) qui l’amène à concevoir l’application de ses principes de justice dans un cadre d’abord national. C’est ainsi que même pour un géographe qui défend la pertinence des principes de justice sociale rawlsiens, « il faut reconnaître le paradoxe qu’il y a chez John Rawls entre l’affirmation de principes ayant valeur universelle et la priorité donnée à l’échelle étatique pour la mise en œuvre de ces principes » (Bret, 2015, p. 30). Et Nancy Fraser a montré le caractère injuste du potentiel normatif de ce cadrage national sur le plan de la justice spatiale en s’intéressant particulièrement à l’échelle supranationale concernée par les questions de justice sociale. Philippe Gervais-Lambony a prolongé cette réflexion sur la « question des échelles de la justice » (Gervais-Lambony, 2017, p. 94) en l’appliquant à l’échelle locale. Nous proposons de l’étendre à la problématique des rapports entre petites villes et métropoles. La métrique (au sens philosophique) à laquelle nous souhaitons appliquer nos principes de justice spatiale est alors celle de la centralité.

Among the theories of social justice, that of John Rawls holds an important place in political philosophy, “because all subsequent justice theoreticians had to define themselves in relation to Rawls” (Kymlicka, 1999, p. 63). However, one will hardly find in “Rawls’s fundamentally […] ahistorical notion of justice” (Soja, 2010, p. 76) a lead to create a dialogue with geography, if not in his “sharp Westphalian distinction between the domestic and international spheres” (Fraser, 2010, p. 33), which bring him to conceive the application of his justice principles in a framework which is national in the first place. As such, even for geographers who defend the pertinence of Rawlsian social justice principles, “we need to recognise the paradox that exists in Rawls between the affirmation of principles with a universal value, and the priority given at State level for implementing these principles” (Bret, 2015, p. 30). Nancy Fraser has shown, in this regard, the unfairness of the normative potential of these national guidelines regarding spatial justice, by taking an interest in the supranational level concerned with issues of social justice in particular. Philippe Gervais-Lambony extended this reflection on the issue of justice levels” (Gervais-Lambony, 2017, p. 94), by applying it at the local level. We propose to extend it to the problems of relations between small towns and metropolises. The metrics (in the philosophical sense) to which we wish to apply our principles of spatial justice, is that of centrality.

 

 

Centralité(s)

Centrality(-ies)

Employer la notion de centralité seulement au singulier risque de conduire à concevoir que ses déterminants peuvent se résumer à un processus unique. Or « la centralité d’un lieu ne prend véritablement sens que lorsqu’on associe à sa position dans l’espace physique la mesure du rayonnement des potentiels et des fonctions localisées dans ce même lieu » (Dematteis, 2013, p. 163). La diversité de ces potentiels et de ces fonctions permet d’identifier diverses configurations des centralités à des échelles diverses. C’est ainsi par exemple que dans l’agglomération de Nancy, comparable à de nombreuses métropoles régionales françaises, la centralité historique de la ville est devenue « une centralité parmi bien d’autres », celles de « zones poly-fonctionnelles (commerce, travail, loisirs notamment) » lesquelles « représentent depuis une trentaine d’années autant de centralités à la fois complémentaires et concurrentielles par rapport au centre-ville » (Marchal, Stébé, 2013, p. 120). À l’échelle intra-urbaine de grandes agglomérations, divers auteurs ont également identifié des centralités minoritaires (Raulin, 2000), des formes de centralité populaire (Collectif-Rosa-Bonheur, 2016).

The notion of centrality used only in the singular, could easily lead one to imagine that its determinants can boil down to a unique process. Yet, “the centrality of a place only takes on true meaning when we associate, to its position in the physical space, the measure of the clarity of the potentials and functions located in the same place” (Dematteis, 2013, p. 163). The diversity of these potentials and functions makes it possible to identify various configurations of centralities on various scales. As such, for example, in Nancy’s built-up area, which is comparable to many French regional metropolises, the historical centrality of the town has become “a centrality among many others”, those of “poly-functional zones (trading, work and leisure in particular)”, which “for about thirty years have been representing many complementary and at the same time competitive centralities in relation to the town centre” (Marchal, Stébé, 2013, p. 120). On the intra-urban scale of large built-up areas, various authors have also identified minority centralities (Raulin, 2000), forms of popular centrality (Collectif-Rosa-Bonheur, 2016).

De leur côté, les petites villes présentent elles aussi des fonctions de centralité et « offrent une diversité de choix en matière de centralité des quotidiens et de services mobiles de proximité équivalente à celle des villes moyennes et des grandes villes » (Talandier, Jousseaume, 2013, p. 13). Par ailleurs, des villages relativement isolés peuvent devenir momentanément des lieux centraux, même modestes au plan quantitatif, grâce à leurs restaurants prestigieux (Etcheverria, 2011 ; Marcilhac, 2011). Il en va de même pour nombre d’espaces marqués par leur patrimoine naturel (parcs naturels, en particulier). Ceux-ci sont concernés par le tourisme, qui peut alors être considéré comme « une activité qui contribue à faire sortir les lieux de leur isolement, de leur position périphérique pour les amener, parfois, à devenir des lieux à la centralité temporaire, partielle » (Bernard, Blondy, Duhamel, 2017, p. 7).

As far as small towns are concerned, they also display functions of centrality and “offer a diversity of choices as regards the centrality of everyday life and mobile community services, equivalent to those of medium- and large-sized towns” (Talandier, Jousseaume, 2013, p. 13). Furthermore, relatively isolated villages can momentarily become central places, even modest places quantitatively speaking, thanks to their prestigious restaurants (Etcheverria, 2011; Marcilhac, 2011). The same goes for many places marked by their naturel heritage (nature reserves, in particular). These are concerned with tourism which can then be considered as “an activity that contributes to places coming out of their isolation, their peripheral position, to bring them, sometimes, to become places of temporary, partial centrality” (Bernard, Blondy, Duhamel, 2017, p. 7).

Ces divers exemples confirment que « les centralités ne sont pas des équilibres qui naissent de lois imposées par des contraintes humaines, techniques ou économiques. Les centralités sont des constructions politiques [...], la centralité n’existe pas a priori, mais ne peut être observée qu’a posteriori, lorsque les sociétés et les politiques qui les gouvernent ont créé leur organisation territoriale » (Fache, 2008, p. 255). Employer le terme de centralité au singulier ne doit donc pas signifier la réduction de la fonction de centralité à un seul lieu dans un territoire envisagé à une seule échelle. Cela peut toutefois résumer une somme de relations entre les lieux qui distingue certaines de leurs combinaisons à une échelle spatiale donnée ; échelle pouvant prendre forme territoriale si les acteurs sociaux qui donnent sens à ces lieux l’y reconnaissent. Précisément, sur le plan de la centralité, contrairement à sa conception standard (modèle monocentrique), les lieux sont à la fois centraux et décentraux, ceci en situation centrale ou de dépendance centrale. Chaque marchandise expédiée, service dispensé ou pouvoir exercé depuis un lieu, peut avoir une portée variable, ce qui peut permettre de distinguer des degrés de centralité-décentralité des lieux (Radeff, Nicolas, 2014), auxquels s’ajoute l’intensité de leurs relations, l’ensemble aboutissant à des hiérarchies complexes et provisoires entre les lieux, dont l’évolution dépend des acteurs sociaux.

These various examples confirm that “centralities are not balances resulting from laws imposed by human, technical or economic constraints. Centralities are political constructions […], [that do] not exist in principle, but can only be observed a posteriori, when societies and the policies governing them have created their territorial organisation” (Fache, 2008, p. 255). In this light, using the word centrality in the singular, must not mean reducing the centrality function to a sole place in a territory envisaged on one scale only. It can also typify a set of relations between places that distinguish some of their combinations on a given spatial scale; a scale that can take on a territorial form, if the social actors that give meaning to these places recognise this form in them. Specifically, as regards centrality and contrary to its standard conception (monocentric model), places are central and at the same time decentral, i.e. a central situation or a central dependency relation. Each good shipped, each service supplied or each power exercised from a place, can have a variable impact, which can lead to distinguishing degrees of centrality-decentrality in places (Radeff, Nicolas, 2014), in addition to the intensity of their relations, all of it ending up in complex and provisional hierarchies between places, with their evolution depending on social actors.

Dans cette perspective, nous considérons que si les acteurs sociaux des petites villes, et des territoires qu’elles polarisent, engagent des actions visant au renforcement de la capacité d’action de ces territoires (au sens d’acteurs collectifs), donc de leurs centralités, c’est un signe de la légitimité démocratique de leur droit à habiter et rendre habitable leurs territoires, soit notre conception de l’équité territoriale.

In this light, we consider that if the social actors of small towns and the territories they polarise, undertake actions aiming at reinforcing the capacity for action of these territories (in the sense of collective actors), and therefore of their centralities, then it is a sign of the democratic legitimacy of their right to inhabit and make habitable their territories, which is our conception of territorial equity.

 

 

Métropolisation des territoires et petites villes

Metropolisation of Territories and Small Towns

Nul ne peut contester le processus de métropolisation, entendu comme concentration de centralités dans des lieux « métropoles » et des espaces métropolitains dont on envisage souvent prioritairement le renforcement de la capacité d’attraction des activités engagées dans la compétition économique mondiale. Cela vaut également avec des arguments relatifs à la justice spatiale conçue dans une perspective rawlsienne, l’efficacité métropolitaine étant alors censée bénéficier à l’ensemble du territoire national (Bret, 2015), dont les petites villes. Cependant, si l’entreprise métropolitaine a, en France, au cours des années 1980 et 1990, globalement balayé sans précaution toute aspérité territoriale, il en est allé différemment au tournant des années 2000. Sans doute, la loi Solidarité et renouvellement urbain (SRU) y a en partie aidé. Les effets du phénomène de métropolisation, rencontrant les sombres perspectives planétaires, ont permis la réémergence de la question territoriale en ce sens qu’elle est repositionnée comme le préalable à toute action (être économe en espace, attention aux milieux fragiles, accueil de la croissance démographique déportée, etc.). Cette forme « d’atterrissement » témoigne des limites de cette forme de métropolisation dont la maîtrise territoriale s’impose.

No one can contest the metropolisation process, understood as a concentration of centralities in metropolitan places and spaces for which we often envisage, first and foremost, the reinforcement of the capacity of attraction of their activities, as undertaken in world economic competition. This is also the case for arguments relating to spatial justice conceived in a Rawlsian perspective, where metropolitan efficiency is supposed to benefit the entire national territory (Bret, 2015), including small towns. However, while metropolitan undertakings have, in France, during the 1980s and 1990s, generally and carelessly brushed aside any territorial unevenness, things went differently at the turn of the millennium. No doubt, the law on Solidarity and Urban Renewal (SRU) had partly something to do with it. The effects of the metropolisation phenomenon, together with the planet’s bleak future, have led to the re-emergence of the territorial issue, in the sense that it is repositioned as a precondition to any action (saving on space, caring for fragile environments, welcoming population growth from neighbouring areas, etc.). This form of “rooted accumulation” shows the limits of this form of metropolisation, which calls for territorial control.

Nul ne contestera plus l’existence de ces petites villes, agglomérations d’habitants regroupés dans l’échelon communal, dépassant un seuil minimal de population (2 000 ou 5 000 habitants en France), ce qui induit un niveau de spécialisation fonctionnelle les qualifiant au rôle de pôle de centralités. Mais depuis le début du XXIe siècle, le ré-échelonnage politique du pouvoir (Brenner, 2004) s’est accompagné en France de restrictions budgétaires et de formes de délaissement du territoire par les services publics (Taulelle, 2017) qui ont particulièrement touché les villes ne bénéficiant pas d’une influence métropolitaine. Néanmoins, dans ce contexte global peu favorable, des acteurs sociaux maintiennent et tentent d’y renforcer leurs ancrages territoriaux (Édouard, 2019 ; Navereau, Tallec, Zuliani, 2019). Il ne s’agit pas pour autant de nous limiter à célébrer des exemples de ces types d’actions, mais plutôt d’examiner la complexité de leur mise en œuvre et d’interroger leurs perspectives.

No one will no longer contest the existence of small towns, i.e. agglomerations of residents grouped at local level and exceeding a minimum population threshold (2 000 or 5 000 inhabitants in France), which results in a level of functional specialisation that characterises them as poles of centralities. Yet, since the beginning of the 21st century, with the political reorganisation of power (Brenner, 2004) in France, came budget restrictions and forms of neglect of the territory by public utilities (Taulelle, 2017), which affected towns that do not benefit from any form of metropolitan influence. Nevertheless, in this hardly favourable global context, social actors maintain and try to reinforce their territorial roots in these towns (Édouard, 2019; Navereau, Tallec, Zuliani, 2019). For all that, we must not limit ourselves to celebrating examples of these types of actions but, rather, we must examine the complexity of their implementation and question their perspectives.

Ainsi, intégrant la diversité des situations territoriales non métropolitaines impliquant la petite ville, la problématique retenue interroge le processus d’invention d’une centralité, son rapport au territoire concerné et la nature du rapport que cette centralité (les acteurs de sa production) va développer plus ou moins volontairement avec d’autres territoires (dont métropolitains) de sorte à qualifier le mode d’équité territoriale revendiquée. Notre hypothèse pose donc qu’en contexte spatial non métropolitain, les acteurs de certaines petites villes conçoivent et mettent en œuvre des stratégies de développement de leur territoire de référence conduisant à l’affirmation d’une centralité locale (ressources mobilisées localement avec plus ou moins d’intensité) dont l’ambition première n’est pas d’entrer en concurrence avec d’autres centralités, mais plus simplement de s’afficher comme présentant un haut niveau de spécificité, prioritairement au bénéfice des populations résidantes, quoique susceptible de concerner aussi les résidents des métropoles.

By including the diversity of non-metropolitan territorial situations involving small towns, the problems question the way centralities are created, their relation to the concerned territory, and the nature of the relation that this centrality (the actors of its production) is going to develop more or less voluntarily with other territories (including metropolitan territories), so as to describe the territorial equity being claimed. We maintain, therefore, that in the non-metropolitan spatial context, the actors of small towns conceive and implement strategies for the development of the reference territory, leading to the assertion of a local centrality (locally mobilised resources with more or less intensity) the main ambition of which is not to compete with other centralities but, more simply, to show up a high level of specificity, for the benefit of resident populations first and foremost, although it is likely to also concern the residents of the metropolises.

La capacité d’action des métropoles, acteurs collectifs dotés d’une personnalité juridique depuis la loi MAPTAM de 2014, ne fait aucun doute. Celle des petites villes, quoique parfois réaffirmée (Édouard, 2014), est moins facile à caractériser. Faute de réalité statistique officielle, leur approche par cas singuliers est le moyen le plus pertinent de parvenir à cette caractérisation. Les situations géographiques de ces petites villes sont si diverses (Laborie, 1997 ; Mainet, 2008 ; Beaucire, Chalonge et Desjardins, 2016 ; Édouard, 2016) que leur éloignement, en distance métrique, des métropoles et de leurs périmètres fonctionnels ou institutionnels, ne nous paraît pas un critère suffisant de typification de leurs contextes. S’agissant des petites villes qui ne sont pas les plus directement concernées par les effets de la métropolisation (à la différence de celles incluses dans le tissu urbain métropolitain), leur évolution démographique, et surtout celle de leur niveau d’équipement, ainsi que le degré de consolidation de leur zone d’influence, sont des indicateurs pertinents de leur offre de centralité. Mais elles ne peuvent à elles seules consolider leur offre de centralité et celles de leurs zones d’influence sans l’appui d’autres échelons ou secteurs de gestion du territoire national (département, région ; agences de secteurs ministériels) ou sans forme de coopération, formelle ou informelle (par concordance de logique d’action), avec les métropoles avec lesquelles leurs liens fonctionnels sont les plus forts, sans quoi leurs stratégies sont vouées à l’échec.

There is no doubt that metropolises, as collective actors endowed with legal status since the MAPTAM law of 2014, have the capacity for action. That of small towns on the other hand, although it is sometimes reasserted that they do (Édouard, 2014), cannot be described as easily. For lack of official statistics, examining the approach adopted by small towns on a case by case basis, is the most pertinent way of arriving at such a description. The geographic situations of small towns are so diverse (Laborie, 1997; Mainet, 2008; Beaucire, Chalonge and Desjardins, 2016; Édouard, 2016) that their physical remoteness from metropolises, and their functional or institutional perimeters, do not seem to be a sufficient criterion for typifying their contexts. Concerning small towns that are not directly concerned by the effects of metropolisation (unlike those included in the metropolitan urban fabric), their demographic evolution, and especially that of their equipment level, as well as the degree of consolidation of their zone of influence, are relevant indicators of the centrality they have to offer. Yet, on their own they cannot consolidate their offer of centrality and that of their zones of influence, without the support of other levels or sectors of national territory management (département, region; ministerial sector agencies), or without any form of formal or informal co-operation (adopting a similar action logic), with the metropolises with which their functional links are stronger, and without which their strategies are bound to fail.

 

 

Trois cas pour apprécier les conditions et les effets du renforcement de la capacité d’action des petites villes et de leurs territoires

Three Cases to Appreciate the Conditions and Effects of the Reinforcement of the Capacity for Action of Small Towns and their Territories

 

 

Notre recherche débute. Sa faisabilité est testée. Le terrain est mobilisé à titre exploratoire. Sur les plans épistémologique, théorique et méthodologique, les pistes offertes, bien que déjà longuement réfléchies, composent donc avec le caractère instable de l’expérimentation. Les trois cas supports de notre analyse témoignent de situations relativement diversifiées. Sans prétendre à une représentativité exhaustive, ils ont été choisis selon deux critères. D’abord en fonction du degré de notre connaissance concrète de ces terrains, dans lesquels des actions de renforcement de l’offre de centralités ont été au moins tentées, sinon développées depuis plus d’une décennie. Mais aussi du fait que l’un de ces cas, celui de Puigcerdà, témoigne pour partie de l’élargissement à l’échelle européenne de la question de la justice spatiale, tandis qu’un autre, celui de Maen Roch, illustre un changement de cadrage spatial à l’intérieur du cadre national. Le cas de Lodève montre plutôt la stabilité de ce cadre.

We began our research and tested its feasibility. The research field was used for exploratory purposes. At the epistemological, theoretical and methodological levels, the leads offered, although they had already been thought out at length, compromised with the unstable nature of the experimentation. The three cases supporting our analysis showed relatively diversified situations. Without claiming exhaustive representativeness, they were chosen according to two criteria. First according to the degree of concrete knowledge we have of these fields, in which actions for reinforcing centralities on offer have been tried out, if not developed for more than a decade. But also due to the fact that one of these cases, that of Puigcerdà, partly shows the widening of the spatial justice issue on the European scale, while another, that of Maen Roch, illustrates a change in spatial framework within the national guidelines. The case of Lodève shows more the stability of this framework.

 

 

Lodève, la centralité par l’évènement culturel récurrent de haut niveau

Lodève, Centrality through Recurrent High Level Cultural Events

Au nord-ouest de Montpellier, à une cinquantaine de kilomètres, desservie par l’autoroute menant à Clermont-Ferrand, Lodève (7 400 habitants) est marquée par une trajectoire urbaine riche, mais stoppée à plusieurs reprises. De son passé épiscopal ne reste pour l’essentiel que la tradition du travail du textile, avec la manufacture de tapis rattachée à l’administration du Mobilier national, dans laquelle a été employée une partie de la soixantaine de familles de Harkis accueillies en 1962. La principale nouvelle activité productive née ensuite avec l’installation de la COGEMA (exploitation d’un gisement d’uranium non loin de la ville) s’est arrêtée en 1997.

North-West of Montpellier, at around fifty kilometres and serviced by the highway to Clermont-Ferrand, Lodève (7 400 inhabitants) is marked by a rich urban trajectory which, however, has been interrupted several times. From the town’s episcopal past, there remains only and mainly a weaving tradition, with the manufacture of carpets attached to the State-owned furniture administration, in which part of the sixty or so Harki families were welcomed in 1962. The new main productive activity that came to be, subsequently, with the settlement of the COGEMA (uranium mining operation not far from the town), stopped its production in 1997.

Lodève affiche aujourd’hui une centralité en recherche de points d’appui. Son statut de sous-préfecture, récemment menacé, mais finalement confirmé par extension du périmètre de son arrondissement, contribue à son affirmation. Outre cette qualité, aux effets aujourd’hui limités, cette petite ville semble agir comme ailleurs en activant les leviers utiles à sa restructuration urbaine et économique : démarche de revitalisation du centre-bourg, relance commerciale, offre en équipements (nouvelle médiathèque, maison de santé, halle des sports mutualisée [collège], etc.), actions sur le logement, mais également sur le patrimoine avec l’obtention du label « Ville et Pays d’Art et d’Histoire ». Mais le nouvel élan se fait prioritairement par la culture, en s’affranchissant, initialement, du local. À partir de 1997 et jusqu’à 2009, l’exposition estivale du Musée Fleury va devenir un des grands évènements culturels de la région voire du grand sud, et un point d’appui sérieux au développement local (Kosianski, Monino, 2005). Le Festival des Voix de la Méditerranée (poésie) a constitué l’autre point fort de ce nouvel élan par la culture. Il a précisément coïncidé avec l’élection de Robert Lecou comme maire en 1995 (réélu en 2001, mais écarté en 2008) et l’arrivée de Maïthé Vallès-Bled, nouvelle conservatrice du Musée Fleury en 1996. À l’origine de la nouvelle dynamique culturelle de la ville, un choix politique fort suivi d’un portage clairement exprimé à l’impulsion donnée par la nouvelle conservatrice dont les compétences, le réseau et le volontarisme ont produit leurs effets jusqu’à son départ en 2009 pour Sète (Musée Paul-Valéry et Musée International des Arts Modestes). Elle emporte avec elle beaucoup d’atouts dont le Festival des Voix de la Méditerranée qu’elle a créé (du moins le concept, recomposé en Voix Vives à Sète) et une partie des œuvres d’une collection privée, qu’elle avait accueillies en dépôt au Musée Fleury. À Lodève (objet d’un CUCS), les Voix de la Méditerranée sont devenues Résurgence, le Festival des arts vivants, en 2015. Les expositions estivales se sont également poursuivies non sans difficultés à partir de 2010 (chute de la fréquentation, problèmes financiers) jusqu’à la fermeture temporaire du Musée et des travaux de modernisation intégrant la reconsidération des collections permanentes qui renouent avec la ressource territoriale locale (au travers des collections scientifiques : géologie, néolithique) dans un espace d’expositions à la superficie doublée.

Today, Lodève shows a centrality in search of a base. Its status of sub-prefecture, which was recently threatened but, in the end, confirmed with the extension of its district perimeter, contributes to the assertion of that centrality. Besides this quality, with effects that are limited today, this small town seems to act like any other town, i.e. pulling levers to promote its urban and economic restructuring: revitalising the town centre, stimulating commerce, supplying equipment (new multimedia library, nursing home, mutualised sports centre, etc.), undertaking housing as well as heritage initiatives, e.g. by obtaining the “Art and History Town and Region” label. But the new boost came first and foremost through culture, by shedding initially the local scope. From 1997 and until 2009, the summer exhibition of the Fleury Museum became one of the major cultural events in the region, or even in the greater South, and showed a great means of support to local development (Kosianski, Monino, 2005). The poetry festival named Festival des Voix de la Méditerranée, was the other highlight of this new boost through culture. It coincided specifically with the election of Robert Lecou as mayor in 1995 (re-elected in 2001, but dismissed in 2008), and the arrival of Maïthé Vallès-Bled, the new curator of the Fleury Museum in 1996. At the origin of the new cultural dynamics of the town was a strong political choice, which ended up being materialised and carried through by the new curator whose skills, network and voluntarism produced their effects, until her departure in 2009, for the Paul-Valéry Museum and the International Modest Art Museum in the town of Sète. She took with her many assets, including the Festival des Voix de la Méditerranée created by her (or at least the concept of it, which she recreated in Sète as the Voix Vives Festival), and part of the artworks from a private collection, which she held in trust at the Fleury Museum. In Lodève (which was the subject of an Urban Contract for Social Cohesion), the Voix de la Méditerranée Festival became Résurgence, the Performing Arts Festival in 2015. Summer exhibitions also continued, not without difficulties from 2010 (drop in attendance, financial problems) until the temporary closure of the Museum and the modernising works that were to integrate permanent collections meant to revive the local territorial resource (through geological and Neolithic collections), in an exhibition space twice as large.

Si le nouvel élan vers un renforcement de la centralité semble pouvoir surmonter le départ de ses initiateurs, son articulation avec les contextes territoriaux qui englobent la ville reste délicate. Initialement, la stratégie de Robert Lecou pour Lodève est restée isolée du fait de conflits partisans avec les échelons départemental et régional. La coopération intercommunale est relativement tardive et l’entrée dans le pays Cœur d’Hérault (plus proche de Montpellier) récente, tandis que la perspective actuelle de voir la communauté de communes Lodévois-Larzac rejoindre le Parc naturel régional des Grands Causses témoigne de la nécessité de préserver un potentiel de diversité des coopérations territoriales. Il y a sans doute pour Lodève une place difficile à prendre dans ce pays dynamique (population, activité, logement, résidence secondaire, etc.) composé d’une petite ville proche, Clermont-l’Hérault (plus de 8 000 habitants désormais), et de villages ayant tendance à présenter des effectifs de petites villes (4 000 à 7 000 habitants).

While it seems that the new impetus towards a reinforcement of centrality can overcome the departure of its initiators, its articulation with the territorial contexts underlying the town remains delicate. Initially, Robert Lecou’s strategy concerning Lodève remained confined, due to partisan conflicts with district and regional levels. Intercommunal co-operation came relatively late, and entry in the Pays Cœur d’Hérault area (closer to Montpellier) was recent, while the current perspective of seeing the community of the Lodévois-Larzac communes join the regional nature reserve of Grands Causses, showed the need to preserve a potential for territorial co-operation diversity. As far as Lodève is concerned, there is no doubt a difficult place to take in this dynamic region (population, activity, housing, secondary residences, etc.) which is made up of a small town nearby, Clermont-l’Hérault (with more than 8 000 inhabitants), and villages that tend to show small town populations (4 000 to 7 000 inhabitants).

 

 

Puigcerdà, la centralité par la transfiguration géostratégique de la ressource territoriale

Puigcerdà, Centrality through the Geostrategic Transfiguration of the Territorial Resource

Située à moins de deux heures de Barcelone, Puigcerdà (8 800 habitants) petite ville espagnole, agglomérée à Bourg-Madame (1 200 habitants) côté français, est de loin le principal pôle urbain de la Cerdagne. Il a pris depuis 1996 un rôle croissant dans le recours aux soins de santé du côté français de la frontière, laquelle traverse un plateau pyrénéen difficile d’accès depuis Perpignan (80 Km) ou Toulouse (150 Km), surtout en hiver. Une centralité transfrontalière est ainsi née avec l’hôpital de Puigcerdà (2014), après plus de dix ans de démarches ayant abouti en particulier grâce à une innovation juridique de l’échelon européen (le Groupement européen de coopération territoriale). Sa contribution à la gestion transfrontalière des besoins de santé est érigée en modèle à l’échelle de l’UE. En France, la restructuration du secteur médico-social, engagée depuis les années 1990, avec la réduction du recours aux soins liés au climatisme, est en voie de stabilisation, au prix de nombreuses confrontations avec l’Agence régionale de santé, avec la mise en place de filières pédiatrique et gériatrique transfrontalières, cofinancées par les programmes INTERREG.

Located less than two hours from Barcelona, the small Spanish town of Puigcerdà (8 800 inhabitants) is agglomerated to Bourg-Madame (1 200 inhabitants) on the French side, and is by far the main urban centre of the Cerdanya region. It has, since 1996, taken on a greater role in health care services on the French side of the border, which crosses a Pyrenean plateau of difficult access from Perpignan (80 km) or Toulouse (150 km), especially in winter. A cross-border centrality was born with the hospital of Puigcerdà (2014), after more than ten years of requests that came to a successful conclusion, thanks in particular to a legal innovation at the European level (the European Grouping of Territorial Co-operation). The town’s contribution to the cross-border management of healthcare needs, has been made into a model at the level of the European Union. In France, the restructuring of the medico-social sector, undertaken since the 1990s, with the reduction of healthcare linked to climatism, is stabilising, at the cost of many confrontations with the Regional Health Agency, with the establishment of cross-border paediatric and geriatric networks co-financed by the INTERREG programmes.

Le nouvel abattoir transfrontalier, permettant la valorisation de la « Viande de Cerdagne » (première indication géographique protégée – IGP – transfrontalière) depuis 2017 à Ur, renforce l’européanisation de la frontière. Elle est assez aisée au plan culturel : chœur transfrontalier (2011), festival du film transfrontalier d’Estavar-Llivia[2] depuis 2015, actions de mise en valeur du patrimoine transfrontalier hérité des périodes pré-nationales. Néanmoins, les obstacles à l’approfondissement de cette européanisation ne sont pas encore tous franchis, même à l’hôpital transfrontalier (objectif 40 % de patients français, en proportion de la population concernée, contre 23 % aujourd’hui). Ainsi, le contrat de rivière du Sègre (affluent de l’Èbre), signé en 2008, n’a pas encore connu de prolongement du fait des conflits internes à l’État espagnol quant à la gestion de la compétence « eau ».

The new cross-border slaughterhouse, which makes it possible to increase the value of “Cerdanya Meat” (first cross-border Protected Geographical Indication or PGI) since 2017 in Ur, has been reinforcing the Europeanisation of the border. This process has been fairly effortless at the cultural level, with the creation of a cross-border choir in 2011, a cross-border film festival in Estavar-Llivia[2] since 2015, and various initiatives to develop cross-border heritage inherited during the pre-national eras. Nevertheless, the hurdles to increasing Europeanisation have not all been taken yet, even at the cross-border hospital (where an objective of 40 % of French patients was to be reached, in proportion to the population concerned, and which is only at 23 % today). As such, the contract relating to the Sègre River (a tributary of the Èbre River), signed in 2008, has not yet been extended due to the internal conflicts on the Spanish side as regards “water” management.

Cette européanisation est plus l’effet de volontés sud-catalanes (Castex-Ey, 2014) très efficaces, même si parfois divergentes (Giband, 2009) que d’initiatives françaises encore plus dispersées (Lefèvre, 2009). En témoigne le jumelage en 2016 de la commune du Soler (plaine du Roussillon) dont le maire (depuis 1995), ex-député et aujourd’hui sénateur, François Calvet, fut un des acteurs locaux engagés dans la réalisation de l’hôpital transfrontalier, avec Puigcerdà. Côté français, la dynamique intercommunale est tardive et encore restreinte. La communauté de communes Pyrénées-Cerdagne (19 communes, 8 600 habitants), fondée en 1996, n’a atteint la continuité territoriale qu’avec l’obligation législative en 2014. Il en est de même pour la communauté de communes Pyrénées catalanes (ex. : Capcir-Haut-Conflent, 19 communes, 5 900 habitants). L’obligation un moment prévue d’un SCoT commun a ainsi été abandonnée avec soulagement en 2015, alors que les objectifs d’aménagement de l’espace, à part l’impact différent de l’économie de la neige, beaucoup plus fort en « Pyrénées catalanes », sont très comparables. Aucune centralité englobante n’est envisagée, que ce soit dans le PLUi de « Pyrénées-Cerdagne », ou le SCoT de « Pyrénées catalanes » (75 % de résidences secondaires, pour partie de résidents espagnols).

This Europeanisation is more the effect of very efficient wills from South Catalonia (Castex-Ey, 2014), even if they sometimes diverge (Giband, 2009), than French initiatives that are even more diverse (Lefèvre, 2009). Bearing witness to this is the twinning of the commune of Soler (in the Roussillon plain) in 2016, whose mayor, ex-Deputy and today Senator, François Calvet, was since 1995 one of the local actors involved in the realisation of the cross-border hospital, with Puigcerdà. On the French side, intercommunal dynamics are slow and still limited. The community of communes from Pyrenees-Cerdanya (19 communes, 8 600 inhabitants), founded in 1996, only reached territorial continuity through legislation in 2014. The same applies to the community of communes from Catalonian Pyrenees (e.g. Capcir-Haut-Conflent, 19 communes, 5 900 inhabitants). The compulsory adoption, at some stage, of a common long term strategic planning document (SCoT), was abandoned with great relief in 2015, while the objectives for the development of the area, apart from the different impact of the winter sports economy which is stronger in the Catalonian Pyrenees, are very comparable. No encompassing centrality is being envisaged, whether in the local town planning document (PLUi) of Pyrenees-Cerdanya, or the SCoT of Catalonian Pyrenees (75 % of secondary residences with, in part, Spanish residents).

Certaines ressources territoriales doivent encore être stabilisées. La région Occitanie a élaboré en 2018, via son Parlement de la montagne, un plan « Montagne d’Occitanie 2025, Terres de vie » de développement des ressources locales qui semble prendre en compte leurs spécificités. Cette initiative permettra peut-être enfin d’orienter l’économie des stations touristiques du plateau vers une diversification et une mutualisation de leurs activités (Vlès, 2012). En effet, deux stations de ski sur huit ont fermé depuis 2013 du fait des conséquences de l’irrégularité de l’enneigement. Le projet de réalisation d’un domaine skiable commun à quatre autres (dont Font-Romeu et Les Angles) s’est avéré quant à lui incompatible avec la charte du Parc naturel régional des Pyrénées catalanes (comportant les préconisations d’un plan paysager transfrontalier) adoptée en 2014. Le centre national d’entraînement en altitude de Font-Romeu, créé en 1967, va être réhabilité par la région en vue des Jeux olympiques de 2024. D’autres micro-ressources sont à consolider, souvent en partie ou totalement liées à la sphère touristique (plus de 50 000 visiteurs lors de certains week-ends) : bains d’eaux chaudes sulfureuses, patrimoine frontalier (Mont-Louis site UNESCO). Par ailleurs, d’autres secteurs de production connaissent un essor récent : installations d’équipements de recherche sur l’énergie solaire (plus de 2 750 heures d’ensoleillement par an à Font-Romeu), relance de la valorisation locale des produits de l’élevage laitier.

Certain territorial resources still need to be stabilised. The Occitanie region, in 2018, elaborated, via its mountain Parliament, a plan called “Montagne d’Occitanie 2025, Terres de vie”, for the development of local resources and which seems to take into account their specificities. This initiative will perhaps make it finally possible to orient the economy of the plateau’s ski stations towards the diversification and mutualisation of their activities (Vlès, 2012). Indeed, two ski stations out of eight have closed their doors since 2013, as a consequence of irregular snow coverage. A project to establish a ski slope shared by four other slopes (including that of Font-Romeu and Les Angles) turned out to be incompatible with the charter of the regional nature reserve of Catalonian Pyrenees (including recommendations for a cross-border landscape plan) adopted in 2014. The National Centre for Altitude Training of Font-Romeu, created in 1967, is going to be rehabilitated by the regional administration with a view to accommodating the Olympic Games of 2024. Other micro-resources must still be consolidated, often linked in part or in whole to the touristic sphere (more than 50 000 visitors during some week-ends): hot springs, cross-border heritage (City of Mont-Louis listed as a UNESCO world heritage site). Moreover, other production sectors have experienced rapid development recently: research installations on solar energy (over 2 750 hours of sunshine per year in Font-Romeu), reviving the increased value of dairy farming products.

 

 

Maen Roch, la centralité par l’exhaussement de l’identité territoriale

Maen Roch, Centrality through Territorial Identity Reinforcement

Située à 45 Km de Rennes (45 mn via l’autoroute Rennes-Caen), la commune nouvelle de Maen Roch (2017) résulte de la fusion de Saint-Brice-en-Coglès (ex-chef-lieu de canton) et de Saint-Étienne-en-Coglès, acte le plus significatif d’un processus de coopération intercommunale commencé en 1978. La commune se présente comme un pôle de centralité secondaire (exemple : un collège public, un collège privé) mais ambitieux (village étape [réservé aux communes moins de 5 000 hab.], radio associative, Conseil municipal des enfants, Conseil municipal des jeunes [et Espaces jeunes 11-17 ans], obtention du label « Villages en poésie » depuis 2012, école de musique). Sa centralité est renforcée par le processus de fusion de communes, lequel découle d’un volontarisme politique : « la commune doit être moteur de son évolution, ne doit pas subir les réformes à venir, tant sur la loi NOTRe et les conséquences sur l’organisation territoriale (notamment l’intercommunalité) que sur le contexte actuel de baisse des dotations » (maire de Saint-Brice-en-Coglès, compte-rendu de réunion du conseil municipal, 11 mai 2015).

Situated 45 km away from Rennes (45 minutes by car on the Rennes-Caen highway), the new commune of Maen Roch (2017) results from the fusion of Saint-Brice-en-Coglès (former county town in the Antrain district) and Saint-Étienne-en-Coglès, which could be described as the most significant act of intercommunal co-operation process, which was initiated in 1978. The commune comes up as a pole of secondary centrality (e.g. public school, private school) but is ambitious: stopover village [reserved for communes of less than 5 000 inhabitants], community radio, Town Council for Children, Youth Town Council [and Youth Spaces for 11-17-year olds], recipient of the “Villages in poetry” label since 2012, music school). Its centrality has been reinforced by the commune fusion process, which follows from political voluntarism: “the commune must be the driving force of its evolution, must not suffer reforms to come, whether regarding the law on the new territorial organisation of the Republic (NOTRe) and the consequences on the territorial organisation (inter-communality in particular) or regarding the current context of subsidy reduction” (Mayor of Saint-Brice-en-Coglès, minutes of the town council meeting held on the 11th of May 2015).

Maen Roch (4 700 habitants) est la commune la plus importante de la nouvelle intercommunalité Couesnon Marches de Bretagne (15 communes après fusions, au lieu de 22 en 2016, 22 000 habitants) et la deuxième du pays de Fougères, lié, comme tous ceux de Bretagne, à cette région par un contrat de partenariat concernant le développement local et régional. Ce pays (ou ses intercommunalités, depuis 2017) est aussi l’un des six périmètres (hors métropole rennaise) du département d’Ille-et-Vilaine qui bénéficient depuis 2006 de contrats départementaux de territoire et depuis 2010 de la présence d’agences départementales déconcentrées censées favoriser une approche bottom up de la capacité politique, au rebours des orientations nationales (Tallec, 2012). La base productive du territoire de l’intercommunalité semble solide et diversifiée (transformation du granit, industrie laitière, abattoir, biscuiterie La Mère Poulard, transport routier, plasturgie, biotechnologie, etc.). C’est parfois l’initiative privée qui montre le chemin de la diversification des centralités : à la boutique de déstockage de La Mère Poulard à Saint-Étienne-en-Coglès, les produits « sont vendus 30 % moins cher que dans les boutiques Mère Poulard de Rennes, Paris, Saint-Malo, et de 30 à 40 % de moins qu’au Mont-Saint Michel » (Margaux, citée in La Chronique Républicaine, 5 août 2014) distant de 30 km. Les coffrets collectors (sept boîtes aux coloris différents selon la variété des biscuits) sont « notre produit phare ici, alors que les boîtes à sucre se vendent mieux à Saint-Malo ou au Mont » (ibid.). Au final, au-delà des adaptations aux nouvelles contraintes imposées en fonction du contexte global (regroupement de l’offre sanitaire…) et de la captation d’opportunités (deuxième contrat de ruralité[3] signé dans le département – 2017), la dynamique par les innovations semble dominante (Agenda 21 « Coglais 2030 » lancé en 2014, projet d’unité de méthanisation, etc.). Dans le Coglais, à la différence du Lodévois ou de la Cerdagne, le développement illustre un « modèle d’action collective breton [qui] se caractérise par l’unité et la coopération » (Pasquier, 2016, p. 344) régulière des acteurs.

Maen Roch (4 700 inhabitants) is the most important commune in the new inter-communality Couesnon Marches de Bretagne (which concerns the fusion of 15 communes instead of 22 in 2016, with 22 000 inhabitants). It is also the second most important commune in the Fougères area which is linked, like all communes in Brittany, to the region by a partnership contract concerning local and regional development. This area (or its inter-communalities, since 2017), is also one of the six perimeters (outside the Rennes metropolis) of the Ille-et-Vilaine département that, since 2006, benefit from département-based territory contracts and, since 2010, from the presence of decentralised département-based agencies supposed to favour a bottom-up approach to political capacity, against national orientations (Tallec, 2012). The productive base of the inter-communality territory appears solid and diversified (transformation of granite, dairy industry, slaughterhouse, La Mère Poulard biscuit factory, road transport, plastics technology, biotechnology, etc.). Private initiatives sometimes show the way to centrality diversification: at the clearance shop of La Mère Poulard in Saint-Étienne-en-Coglès, products “are sold for 30 % less than in the Mère Poulard shops of Rennes, Paris, Saint-Malo, and for 30 to 40 % less than in Mont-Saint Michel” (Margaux, cited in La Chronique Républicaine, 5 August 2014) 30 km away. The collectors’ editions (seven boxes with different colours according to the variety of biscuits) are “our leading product here, while sugar boxes sell better in Saint-Malo or in Mont” (ibid.). In the end, beyond adaptations to new constraints imposed according to the global context (grouping of healthcare services…) and capturing opportunities (second rurality[3] contract signed in the département – 2017), dynamics through innovations seem to prevail (Agenda 21 “Coglais 2030” launched in 2014, methanization facility project, etc.). in Coglais, unlike Lodévois or Cerdanya, development illustrates a “model of Breton collective action [that] is characterised by [the regular] unity and co-operation” (Pasquier, 2016, p. 344) of actors.

L’exhaussement de l’identité territoriale de Maen Roch, l’exploitation de la situation avantageuse avec Puigcerdà ou l’affichage ambitieux de l’offre sectorielle à Lodève constituent trois modalités d’affirmation – non ordinaires pour des petites villes – d’un niveau de centralité en décalage avec la représentation traditionnelle de leur place dans la hiérarchie urbaine, mais particulièrement susceptibles d’agir favorablement sur leur capacité d’action.

The reinforcement of Maen Roch’s territorial identity, the exploitation of the advantageous situation with Puigcerdà, or the ambitious display of sector-based services in Lodève, constitute three methods of assertion – which is unusual for small towns – of centrality levels out of step with the traditional representation of their place in the urban hierarchy, although these methods are particularly likely to act favourably on their capacity for action.

 

 

Le renforcement de la centralité des petites villes et de leurs territoires : types d’actions et perspectives

The Reinforcement of the Centrality of Small Towns and their Territories: Types of Actions and Perspectives

 

 

Les conclusions résultant de l’étude exploratoire de ces trois cas, et donc de la connaissance ainsi constituée, amènent d’abord à proposer une typologie de critères quant aux modèles d’action choisis pour le renforcement des formes de centralité des petites villes et de leurs territoires. L’ensemble de cette typologie, pour l’application de laquelle il ne faut pas négliger les phases temporelles et leurs bifurcations, peut ainsi servir d’outil d’analyse de la diversité des situations des petites villes, au moins en France. Elle permet également de formuler des hypothèses relatives à la pertinence et aux probabilités de succès des actions qui y sont entreprises. Ces succès n’étant pas envisageables sans la coopération des métropoles les plus concernées par chacune d’entre elles, nous analysons les perspectives qu’elle peut emprunter, dans l’immédiat comme à l’avenir.

Based on the conclusions resulting from the exploratory study of these three cases, and therefore from the knowledge gathered in this way, we first propose a typology of criteria, concerning the models of action chosen for reinforcing forms of centrality in small towns and their territories. This typology as a whole which, when applied, should not have its temporal phases and their bifurcations neglected, can serve as a tool for analysing the diversity of small town situations, in France at least. It also makes it possible to formulate hypotheses relating to the pertinence and probabilities of the success of the actions undertaken. Where such success cannot be envisaged without the co-operation of metropolises most concerned by each action, we analyse the perspectives that such co-operation can take, for the time being as well as in the future.

 

 

Variété des centralités non métropolitaines

Variety of Non-Metropolitan Centralities

La typologie de modèles d’action de renforcement de la centralité des petites villes est basée sur cinq axes d’opposition, bornés de critères permettant d’exprimer une amplitude, et comportant des gradients, volontairement, et provisoirement, dégagés de l’obligation de mesure, permettant de caractériser la position de ces villes quant à ces choix d’action. Nous les exposons ici de manière à faciliter la compréhension de leur combinaison.

The typology of the models of action for reinforcing the centrality of small towns is based on five contrasting main lines, limited by criteria that make it possible to express amplitude, and comprising gradients that are voluntarily and provisionally free from the obligation of measuring, thereby making it possible to characterise a town’s position regarding the action it chooses to carry out. We set them out here, so as to make it easier to understand their combination.

• Le premier axe distingué concerne la ressource territoriale mobilisée : s’agit-il prioritairement, et à quel degré, d’une ressource locale ou externe ? La question de la ressource territoriale prime. Sa relation au territoire de référence fournit un premier niveau d’information qui vient caractériser les choix d’action. Sont-ils plutôt guidés par ce qui fonde les qualités dudit territoire, son identité, ou bien en appellent-ils à des forces externes sans que celles-ci viennent pour autant altérer ces mêmes qualités ? Il en va d’une forme d’émancipation qui peut ensuite être appréciée en termes d’autonomisation, de repli, au risque de l’enfermement, ou d’altérité ouverte.

• The first main line we distinguished concerns the territorial resource used: does it concern first and foremost, and to which extent, a local or external resource? The issue of territorial resource prevails. Its relation to the reference territory offers a first level of information that helps to characterise action choices. Are they rather guided by what justifies the qualities of the said territory and its identity, or do they appeal to external forces without the latter altering these very qualities all the same? In this case, there is a form of emancipation that can be appreciated in terms of empowerment and withdrawal, at the risk of confinement or open otherness.

• Le deuxième est relatif aux types dominants de porteurs des actions et à leurs importances respectives : s’agit-il essentiellement d’initiatives publiques d’acteurs politiques (un véritable volontarisme peut être observé) ou plutôt d’initiatives privées en contexte de faible implication des acteurs publics ? La nature des acteurs mobilisés, la part de leur engagement dans l’action comme l’antériorité de leur présence sur le territoire ou dans le type d’action menée, renseignent à bien des égards. Il sera d’ailleurs utile d’apprécier d’abord les composantes de chacune des deux sphères : une intervention strictement publique prendra sens différemment selon que l’État, par exemple, parvient à imposer son autorité et sa puissance, ou que les collectivités locales réussissent à s’organiser seules autour d’intérêts partagés. Plus spécifiquement, le rapport et les modalités d’accord entre public et privé autoriseront ensuite quelques interprétations quant aux capacités d’agir des uns et des autres, ou des uns avec les autres, afin d’apprécier notamment l’intensité de l’engagement en termes de territorialité. Une forme de laisser-aller pourra en ressortir.

• The second is related to the dominant types of action initiators and their respective importance: do they concern mainly the public initiatives of political actors (where real voluntarism can be observed in this case) or, rather, private initiatives in a context where public actors are little involved? The nature of the actors mobilised, their degree of involvement in the action as well as the precedence of their presence on the territory, or in the type of action carried out, inform in many respects. Moreover, it will be useful to appreciate at first the components of each one of the two spheres: a strictly public intervention will take on a different meaning depending on whether the State, for example, manages to impose its authority and power, or whether local authorities manage to organise themselves on their own, around shared interests. More specifically, the relation and modes of agreement between public and private actors will open a few interpretations regarding the capacities for action of the ones and/with the others, so as to appreciate in particular the intensity of their commitment in terms of territoriality. It is possible that a form of carelessness emerges from it.

• Le troisième est celui du type d’instrument de politique publique ou de forme d’investissement privé mobilisé : s’agit-il d’actions plutôt caractérisées par leur caractère innovant ou d’activation de répertoires d’action plus traditionnels ? Les capacités d’une ingénierie technique, d’un niveau d’expertise au service de l’action pourraient constituer le point de focalisation. Ce serait sans compter sur les mécanismes de l’innovation qui ne réclament pas nécessairement cet appareillage-là. En effet, ce qui sera apprécié ici c’est la vision renouvelée pour le territoire à partir, d’une part d’une connaissance fine de ses potentialités intrinsèques, et d’autre part, de la volonté de voir son développement bénéficier de l’accompagnement adapté, quand bien même celui-ci obligerait à s’affranchir de modes de faire éprouvés, partagés, jusque-là maîtrisés, mais devenant en l’espèce inopérants.

• The third concerns the type of public policy instrument or form of private investment being mobilised: does it concern actions characterised by their innovative character or does it concern the activation of more traditional repertoires of action? The capacities for technical engineering and the level of expertise at the service of action could constitute a focal point, although it could not depend on the mechanisms of innovation that do not necessarily require this equipment. Indeed, what will be appreciated here is the renewed vision of the territory, from the detailed knowledge of its intrinsic potentialities on the one hand, and from the will to see its development benefit from adapted support on the other, even if such support were to compel one to free oneself from proven, shared and until now controlled methods, but becoming ineffective in the case in point.

• Le quatrième est relatif au modèle de développement choisi : sommes-nous dans une recherche d’émancipation territoriale ou constatons-nous plutôt une tendance à l’acceptation de l’ordre d’une hiérarchie urbaine tous azimuts ? L’action territorialisante se joue-t-elle dans une forme de renoncement à un ordre déjà-là, parfois même produisant ses effets depuis très longtemps, ou bien l’allégeance est-elle encore de mise ?

• The fourth relates to the development model being chosen: are we in search of territorial emancipation or, rather, are we finding a tendency towards accepting the order of a wide-ranging urban hierarchy? Is the territorialising action playing out in a form of renouncement to an already existing order, and sometimes even producing its effects for a very long time already, or is allegiance still acceptable?

• Enfin, un cinquième axe de caractérisation est mobilisé, renvoyant moins à un modèle d’action possible que permettant d’apprécier les formes et degrés de contraintes ou d’opportunités portant sur l’action locale : par exemple, une petite ville en situation frontalière n’est pas placée, à cet égard, dans la même situation qu’une autre située dans l’intérieur du territoire national.

• Finally, the fifth main line of characterisation being mobilised refers less to a possible model of action than to an appreciation of the forms and degrees of constraints or opportunities bearing on local action: for example, a small town situated near a border is not placed, in this regard, in the same situation as another small town located inland, in the national territory.

 

 

Les trois petites villes supports de notre analyse ont comme point commun d’être situées à distance suffisante de métropoles pour ne pas pouvoir bénéficier d’un développement résultant uniquement des dynamiques de ces dernières. L’analyse des actions qui y sont menées, ainsi que dans leur zone d’influence, révèle trois combinaisons différentes de modèles d’action visant à renforcer leurs offres de centralité. En substance, la trajectoire récente de chacune de ces villes a connu une inflexion forte, que l’on peut dater. Celle-ci a introduit un changement suffisamment important pour reconsidérer leur rapport à la centralité/décentralité.

The three small towns we used to support our analysis, have in common the fact that they are situated sufficiently far away from metropolises to not benefit from developments resulting from the latter’s dynamics only. The analysis of the actions conducted in these towns and in their zone of influence, shows three different combinations of models of action aiming at reinforcing centralities on offer. In substance, the recent trajectory of each one of these towns has experienced a strong reorientation, which can be dated. It has brought in a sufficiently significant change to reconsider their relationship to centrality/decentrality.

 

 

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Figure 1 : Lodève, Maen Roch, Puigcerdà et leurs territoires dans une typologie des actions menées pour un renforcement de la centralité des petites villes

Figure 1 – Lodève, Maen Roch, Puigcerdà and their territories in a typology of actions carried out for the reinforcement of small town centralities

 

 

Le premier type de trajectoire, révélé par le cas de Lodève, dévoile un processus de renforcement de l’attractivité urbaine intégrant l’invention, le développement et l’installation dans le temps d’une offre culturelle de haut niveau, inhabituelle en ce type de territoire. Ce premier cas permet d’insister sur l’articulation, révélatrice du champ des possibles, d’une petite ville en recherche de centralité, d’un portage politique fort, d’une expertise interne de qualité (reposant sur une seule personne) et d’une capacité à s’affranchir de la ressource locale qui, dans bien des cas, constitue le seul point d’appui pour engager un renouveau. Le cas de Puigcerdà conduit vers un modèle misant a contrario sur la transfiguration géostratégique d’une ressource locale (montagne et santé). En effet, l’ouverture du nouvel hôpital transfrontalier semble avoir été le signal, côté français, de l’émergence de dynamiques de coopération entre acteurs locaux jusque-là peu envisageables, même si elles restent encore limitées. Enfin, avec Maen Roch, l’impulsion se lit dans la naissance d’une nouvelle commune. Le choix de son nom résume à lui seul le récit territorial (Pasquier, 2017) qui émerge. Si le volontarisme politique l’emporte c’est précisément parce qu’il est là dès le départ face à la nécessité de se regrouper. Avec ce rapprochement, qui pourrait se traduire par le sentiment de perte de quelque chose d’essentiel, on trouve a contrario l’affichage d’une force qui puise dans l’affirmation d’une émancipation politique et territoriale, repoussant les influences plus urbaines voire métropolitaines, pour s’ancrer avec plus de vigueur et de certitude dans la localité. « Outre le fait que l’exploitation du granit fait toujours partie intégrante de l’économie locale, l’association du breton et du gallo assure un lien avec nos racines. Il y a dans ce nom la symbolique de ce que nous sommes en train de construire et une indéniable sonorité poétique et moderne » (http://www.maenroch.fr/maen-roch-histoire-dune-commune-nouvelle/).

The first type of trajectory, as exemplified by the case of Lodève, reveals a process of urban attractiveness reinforcement, which includes the invention, development and installation over time of a high level cultural offer, which is unusual in this type of territory. This first case makes it possible to insist on the structuring – opening up possibilities – of a small town in search of centrality, strong political execution, an internal quality expertise (relying on only one person), and the ability to free itself from the local resource which, in many cases, constitutes the sole support to begin renewal. The case of Puigcerdà leads towards a model that, on the contrary, banks on the geostrategic transfiguration of a local resource (mountain and health). Indeed, the opening of the new cross-border hospital seems to have been the signal, on the French side, for the emergence of co-operation dynamics between local actors that, up until then, were little conceivable, even if they still remain limited. Lastly, with Maen Roch, the trajectory was spurred on by the birth of a new commune. The name choice summarises on its own the emergent territorial narrative (Pasquier, 2017). If political voluntarism prevails, it is precisely because it was present from the very beginning, faced with the need to merge. With this merging, which could translate into a feeling of loss of something essential, we find on the contrary a display of strength that draws from the assertion of political and territorial emancipation, rejecting influences that are more urban or even metropolitan, so as to root itself with more vigour and certainty in the town. “Apart from the fact that mining granite has always been an integral part of the local economy, the association of Breton and the French dialect of Brittany ensures a link with our roots. This name contains the symbolic of what we are busy building and sounds undeniably poetic and modern” (http://www.maenroch.fr/maen-roch-histoire-dune-commune-nouvelle/).

 

 

La justice spatiale par la mise en partenariat des centralités et la perspective méta-territoriale

Spatial Justice through the Partnership of Centralities and through the Meta-Territorial Perspective

Les trois cas précédemment étudiés et leur interprétation typologique montrent la diversité des perspectives de succès des actions de renforcement des centralités menées par les acteurs de petites villes ou de leurs territoires. Comment concevoir une évolution des rapports de centralité qui permette de mieux assurer le succès de ces actions à l’avenir ?

The three previously studied cases and their typological interpretation, show the diversity of the success perspectives of actions for the reinforcement of centralities conducted by the actors of small towns or their territories. How to conceive an evolution of the relations of centrality to better ensure the success of these actions in the future?

Il serait contraire à la recherche d’une conception universelle de la justice que de justifier la concentration des centralités dans les niveaux supérieurs de la hiérarchie urbaine en s’appuyant sur l’argument d’une « adaptation au mouvement des populations » (Estèbe, 2017, p. 480) contraint par des situations d’injustice croissantes. Plutôt que d’opposer dans les discours les territoires et leurs populations (« banlieues » contre « ruraux », par exemple), ne serait-il pas plus juste d’agir en faveur d’une extension pour tous des supports de la territorialité ? L’action menée depuis 2003 à Grenoble dans le cadre du programme Jeunes en Montagne, dont un des objectifs stratégiques est de « permettre aux publics éloignés des pratiques de montagne des quartiers « politique de la Ville » de se rendre en montagne et d’y pratiquer des activités » (http://www.grenoble-montagne.com/778-infos-pratiques.htm), serait un exemple en ce sens.

It would be contrary to the search for a universal conception of justice to justify the concentration of centralities in the higher levels of urban hierarchy, by relying on the argument of “adaptation to the movement of populations” (Estèbe, 2017, p. 480) forced by situations of increasing injustice. Rather than to oppose territories and their populations in discourses (e.g. “suburbs” vs “rural”), would it not be fairer to act in favour of an extension for all the supports of territoriality? The action conducted since 2003 in Grenoble, within the framework of the Youth in Mountain programme, of which one of the strategic objectives is to “enable publics coming from the “political suburbs of the Town” that do not have access to mountain practices, to go to the mountain and do mountain activities” (http://www.grenoble-montagne.com/778-infos-pratiques.htm), would be an example in this sense.

Mettre ainsi en œuvre de manière radicale la logique centralités/décentralités doit permettre de parvenir à une vision plus juste de l’équité territoriale. La nature des actions menées dans les petites villes, même si elles restent liées aux ressources territoriales locales, ne doit pas être déterminée par une vision statique ou de dépendance aux chemins empruntés jusqu’à présent. C’est plutôt par une mise en partenariat des différentes formes de centralités entre territoires métropolitains et non métropolitains, ou de manière plus générale entre niveaux de la hiérarchie urbaine, qu’une équité territoriale plus juste peut être visée. Des dispositifs spécifiques tels que les contrats de réciprocité ville-campagne[4] constituent sans doute une première forme de concrétisation de ce rapprochement, mais ne semblent pouvoir concerner que les territoires les plus proches des métropoles. De plus, cette réciprocité est exclusive car elle ne concerne que les territoires contractants (Bigay, Devillard, Perez Inigo, Sainclair, 2018). La mise en partenariat que nous évoquons mobilise l’ordre urbain en ses formes (de la petite ville à la métropole) dans l’ensemble de l’espace national (et de ses prolongements européens) et lui demande de travailler à la dynamisation d’une réalité qui au final n’apparaîtra pas comme inter-territoriale, mais méta-territoriale (Lajarge, 2017). Méta-territoriale en ce sens que le changement nécessaire réclame la rupture définitive avec les logiques d’agrégation de territoires tenant leur légitimité d’un ordre institutionnel parlant définitivement pour eux, forme d’ingénierie scalaire injuste (Planel, Jaglin, 2014 ; Lajarge, 2015). La logique méta-territoriale revalorise les sources locales de la territorialité, celle qui précisément procède de l’histoire et d’une géographie moins injuste, celle envisageable avant le délaissement des territoires (Soja, 2010). Cette mise en partenariat exige que la scène de régulation la formalisant fasse de la multiplication des centralités locales (de leur émergence, de leur renforcement) son principal leitmotiv. La création en juillet 2019 d’une Agence nationale de la cohésion des territoires pourra-t-elle répondre, pour partie, à cette attente ? Ses missions consistant en particulier à conseiller les collectivités territoriales dans la conception de leurs projets de développement et à favoriser la coopération entre les territoires, tout dépend du degré de volontarisme avec lequel elle les assurera.

Implementing in a radical manner the centrality/decentrality logic must lead to a fairer vision of territorial equity. The nature of actions conducted in small towns, even if they remain linked to local territorial resources, must not be determined by a static vision or one that depends on what has been carried out until now. It is rather by implementing a partnership for different forms of centralities between metropolitan and non-metropolitan territories, or more generally between levels of urban hierarchy, that a fairer territorial equity can be aimed at. Specific measures such as town-country[4] reciprocity contracts, undoubtedly constitute a first form of concretisation of this rapprochement, although they seem to only concern those territories that are closer to metropolises. Moreover, this reciprocity is exclusive, in that it only concerns contracting territories (Bigay, Devillard, Perez Inigo, Sainclair, 2018). The implementation of partnerships, as mentioned by us, calls upon the urban order in all its forms (from small town to metropolis) throughout the national space (and its European extensions), to work on the dynamisation of a reality that, in the end, will not appear as inter- but meta-territorial (Lajarge, 2017). Meta-territorial in the sense that the necessary change calls for a definitive break with the logics of territory aggregation, where these get their legitimacy from an institutional order that definitively speaks on their behalf, a form of unfair scalar engineering (Planel, Jaglin, 2014; Lajarge, 2015). The meta-territorial logic gives greater value to the local sources of territoriality, that which originates precisely in a less unfair history and geography, that which can be envisaged before territories become neglected (Soja, 2010). The implementation of this partnership requires that the regulation scene formalising it, make of the proliferation of local centralities (their emergence and reinforcement) its main leitmotiv. Will the creation, in July 2019, of a National Agency for the Cohesion of Territories (ANCT) make it possible to partly meet this expectation? Where the missions of the ANCT consist particularly in advising local governments to conceive their development projects and to favour co-operation between territories, all of it depends on the degree of voluntarism with which the ANCT will secure these missions.

Dans cette perspective méta-territoriale, l’intérêt porté aux processus d’action pour prendre en compte la diversité des centralités conduit au dépassement de ce qu’une inter-territorialité veut ou peut signifier (Vanier, 2008) notamment au regard des réformes territoriales. En effet, la mise en partenariat des centralités évoquée oblige à considérer les hinterlands des métropoles, et leurs principaux recouvrements (cas de la Cerdagne, dans une région comportant deux métropoles), au-delà de la mosaïque de territoires très différents qui les forment et en font la richesse. Cette diversité ne peut être sacrifiée sur l’autel d’une conception de l’inter-territorialité qui ferait sienne l’idée même de fragmentation (entre régions et métropoles, par exemple, voir Desjardins et Béhar, 2017) et de renoncement à une dimension de la combinaison territoriale pourtant déjà là, soit l’hinterland évoqué. L’ordre méta-territorial correspondrait à l’attribution d’un fondement territorial au développement métropolitain et à la révision de la métropolisation désormais envisagée non plus comme phénomène semblant échapper à toute maîtrise, mais comme volonté de voir les dynamiques métropolitaines entrer clairement en dialogue avec les ressources territoriales ; avec comme double objectif de travailler à l’attractivité de l’hinterland métropolitain, du grand territoire (Offner, 2011) tout en garantissant la préservation de ses qualités. Les questions de solidarité et d’équité deviennent dès lors le ressort de ce projet (méta-)territorial. L’on rejoint là sans doute les préoccupations d’une considération multi-située du territoire (Giraut, 2013) qui aura à s’instituer politiquement, du moins pour advenir, hors des formes de gouvernement actuellement privilégiées, y compris quant aux sources de financement des politiques d’aménagement du territoire (Vanier, 2015).

In this meta-territorial perspective, the interest shown in the action process to take into account the diversity of centralities, goes beyond what inter-territoriality signifies or can signify (Vanier, 2008), particularly with regard to territorial reforms. Indeed, implementing partnerships for centralities, as previously mentioned, compels actors to take the hinterlands of metropolises into consideration, as well as their main coverages (as is the case for Cerdanya in a region with two metropolises), beyond the mosaic of very different territories that shape them and make up their treasures. This diversity cannot be sacrificed to a conception of inter-territoriality that would endorse the very idea of fragmentation (e.g. between regions and metropolises, see Desjardins and Béhar, 2017), and of the renouncement of a dimension of territorial combination that, yet, exists already, i.e. the mentioned hinterland. The meta-territorial order corresponds to the attribution of a territorial foundation to metropolitan development, and to the revision of metropolisation which is no longer viewed as a phenomenon seemingly escaping any form of control but, from now on, as a will to see metropolitan dynamics clearly enter into dialogue with territorial resources with, as double objective, to work on the attractiveness of the metropolitan hinterland and the larger territory (Offner, 2011), while ensuring the protection of its qualities. Issues of solidarity and equity, from then on, become the motives of this (meta-)territorial project. Perhaps we agree here with the preoccupations of a multi-situated consideration of the territory (Giraut, 2013) that will need to become politically established, to succeed at least, outside the currently privileged forms of government, including as regards the sources of town and country planning policy funding (Vanier, 2015).

Le domaine d’application de notre principe de justice spatiale ainsi résumé pourra paraître, au choix, trop « réformiste » (mais nous visons sa faisabilité dans le court terme), trop utopique ou trop imprécis. Or sur ces deux derniers points, la première d’une série de publications à venir sur les « coopérations interterritoriales » (Commissariat général à l’égalité des territoires, 2019), dans le prolongement des engagements du pacte État-métropoles, ne dévalue pas notre argumentaire : « nous ne disposons pas à l’heure actuelle d’une connaissance satisfaisante, complète et précise, des interrelations et interdépendances entre les territoires » (ibid.).

It is possible that the domain of application for our summed up principle of spatial justice appears, as one chooses, too “reformist” (even though we target its feasibility in the short term), too utopian or too vague. Yet, on the two last points, the first in a series of publications to come on “inter-territorial co-operation” (General Commission for Territorial Equality, 2019), expanding on the commitments of the State-Metropolises Pact, does not undermine our argument: “we do not currently have at our disposal a satisfactory, complete and precise grasp of interrelations and interdependencies between territories” (ibid.).

 

 

Conclusion

Conclusion

 

 

Cinq points structurent la conclusion de ce texte centré sur les petites villes éloignées des métropoles, mais envisageant plus globalement la question de la justice spatiale à l’aune du processus de métropolisation et de la diversité des formes de centralités. Premièrement, considérer autrement la centralité (avec le couplage centralité/décentralité) permet d’ouvrir le champ des possibles de l’équité territoriale ; celle-ci trouve ainsi des conditions de réalisation plus variées et moins exclusives. Deuxièmement, cette appréhension autre des centralités exige de revoir les logiques duales reposant sur l’articulation dominant/dominé historiquement adossée à la hiérarchie urbaine. Troisièmement, prenant le relais d’un regard par trop éprouvé, un partenariat des centralités est esquissé. Si des partenariats existent (contrat de réciprocité par exemple), ils n’intègrent pas en totalité ce qui a été posé jusqu’ici, en misant exclusivement sur une ou plusieurs thématiques qui réduisent a minima le principe de réciprocité. Quatrièmement, un positionnement méta-territorial articulé à une alter-métropolisation prend le relais d’une inter-territorialité insuffisamment envisagée comme levier d’affirmation des hinterlands métropolitains. Cette méta-territorialité installe quant à elle des rapports symétriques entre des territoires – dont les réalités ne le sont pas – qui permettent de penser une cohérence politique, sociale, économique, etc., intégrant cette échelle. La création du Parlement de la montagne en région Occitanie constitue un exemple témoignant de cette possibilité. Cinquièmement, et en complément, la problématique traitée demande à être confrontée à la géographie dans sa relation avec les conditions et formes de l’agir territorial. La question de l’équité territoriale est engagée. Elle l’est car elle est garante de la diversité des modes de développement des territoires, et des conditions et modes de vie associés, qui n’ont pas à entrer en concurrence pour la bonne raison que la possibilité des uns est intimement liée à l’existence des autres. Cet engagement concerne prioritairement la responsabilité du géographe. Par le choix épistémologique, théorique, méthodologique et finalement peut-être hautement politique, d’une approche valorisant les logiques d’actions au cœur du rapport centralités/décentralités, le champ des possibles de l’équité territoriale paraît bien plus ouvert, fécond ; d’autant plus lorsqu’on entend valoriser l’idée et la réalité d’une telle équité dans un contexte de rapports territoriaux déséquilibrés et de puissances d’action marquées par une asymétrie de fait, et qu’il faut pouvoir dégager des logiques animatrices de toute lecture hiérarchique en reconsidérant la valeur de la ressource territoriale multi-située.

Five points structure the conclusion of this article which is focused on small towns located away from metropolises, but which is envisaging the issue of spatial justice more globally by reference to the metropolisation process, and the diversity of the forms of centrality. First, considering centrality differently (with the centrality/decentrality coupling), makes it possible to open up the field of possibilities for territorial equity, which can then be realised under more varied and less exclusive conditions. Secondly, understanding centralities differently requires the revision of dual logics relying on the dominant/dominated articulation, which historically has been secured with urban hierarchy. Thirdly, with an excessively well proven viewpoint, a partnership of centralities can already be outlined. If partnerships exist (e.g. reciprocity contract), they do not however fully integrate what has been set out until now, by banking exclusively on one or several sets of themes that reduce the reciprocity principle to a minimum. Fourthly, a meta-territorial positioning linked to alter-metropolisation takes over from inter-territoriality which has not been sufficiently envisaged as a means of assertion for metropolitan hinterlands. This meta-territoriality established symmetrical relations between territories (with non-symmetrical realities) which make it possible to conceive of a political, social and economic coherence among others, integrating this scale. The creation of the Mountain Parliament in the Occitanie region, constitutes an example of this possibility. Fifthly, and in addition, the problems tackled need to be compared geographically in their relationship with the conditions and forms of territorial action. The issue of territorial equity is open, in that it guarantees the diversity of the development methods of territories, and of the conditions and associated ways of life that do not have to compete for the simple reason that, the possibility of the ones is intimately linked to the existence of the others. This opening concerns first and foremost the responsibility of geographers. By choosing an approach giving greater value to logics of actions central to the centrality/decentrality relationship, where such choices are epistemological, theoretical, methodological and, in the end, perhaps highly political, the field of possibilities of territorial equity appears far more open and fertile; all the more since we intend to develop the idea and reality of such an equity, in a context of unbalanced territorial relationships and powers of action marked by factual asymmetry, and that we must be able to draw creative logics from any hierarchical interpretation, by reconsidering the value of a multi-situated territorial resource.

 

 

[1]. Le pacte État-métropoles comprend ainsi un volet obligatoire, dans lequel chaque métropole s’engage à contribuer à une « alliance des territoires » pour renforcer les coopérations avec les territoires « environnants », soit seulement ceux qui en sont les plus proches.

[1]. The State-Metropolises Pact includes a compulsory section, in which each metropolis undertakes to contribute to a “territory alliance” with a view to reinforcing co-operation with “surrounding” territories, i.e. only those that are closer to the metropolis.

[2]. Llivia est une commune espagnole enclavée en France.

[2]. Llivia is a Spanish commune enclaved in France.

[3]. Les contrats de ruralité mis en place à partir de 2016 articulent les moyens nécessaires au développement d’un projet de territoire, en particulier dans les domaines : accès aux services et aux soins, revitalisation des bourgs-centres, attractivité du territoire, mobilités, transition écologique et cohésion sociale.

[3]. Rurality contracts established from 2016 enumerate the means required for developing a territorial project, particularly in the fields of access to services and healthcare, revitalisation of town centres, attractivity of the territory, mobilities, ecological transition and social cohesion.

[4]. Ces contrats ont été expérimentés à partir de 2015, mais n’ont connu jusqu’à présent que deux concrétisations.

[4]. These contracts were tried out from 2015 but, to date, only two have materialised.

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