Anniversaire ?

Anniversary?

« La création de la revue scientifique Justice Spatiale / Spatial Justice, repose sur cette conviction : l’espace est une dimension fondamentale des sociétés humaines qui le produisent, la justice sociale s’y déploie. Ainsi, la compréhension des interactions entre espace et société est essentielle à celle des injustices sociales et à la réflexion sur les politiques territoriales visant à les réduire. »

« The creation of this scientific journal is based on the conviction that space is a fundamental dimension of human societies and that social justice is embedded in space. The understanding of interactions between space and societies is essential to understand social injustices and to reflect on the planning policies that aim to reduce them. »

 

 

Ce paragraphe est extrait de l’éditorial du premier numéro de notre revue. Si nous le citons ici c’est pour inviter nos lecteurs à se reporter à ce premier numéro qui disait notre projet, éventuellement réfléchir avec nous à la manière dont nous sommes parvenus à faire avancer cette réflexion scientifique qui ne pouvait que s’accompagner d’une autre sur la question de l’engagement et du positionnement dans la société de nos travaux. Réfléchir maintenant car le numéro que nous sommes heureux de pouvoir présenter ici s’est construit dans une période où la revue rencontre des difficultés importantes de fonctionnement, par manque de moyens, du fait d’un contexte du monde de la recherche et de l’enseignement supérieur qui laisse de moins en place (et de temps) aux projets tels que le nôtre. S’ajoute, pour partie conséquence de ces deux problèmes, une fatigue des acteurs bénévoles qui portent la revue. Au début de l’année 2018 JSSJ publiera son douzième numéro, dix ans après son colloque fondateur en mars 2008 à Nanterre, ce numéro « anniversaire » permettra de revenir sur les raisons de la situation de la revue mais aussi, de manière plus optimiste, s’efforcera à un bilan de ce qui a été réalisé et accueillera des auteurs d’un réseau de réflexion qui s’est construit grâce à JSSJ. Ceci pour expliquer que l’on ne trouvera pas d’appel à contribution dans le présent numéro de la revue.

The paragraph above is from the editorial of the first issue of this journal. We quote it here as an invitation to our readers to return to this first issue which stated our project, and maybe reflect, along with us, about the ways in which we have managed to contribute to scholarly thinking about justice—a pursuit inseparable, for us, from thinking about engagement with, and involvement in, social issues. Now is the time for reflection because the present issue was put together in difficult times for our journal, because we lack the means to keep going in a context, in academia in general, that allows ever less space and time for projects like ours. This accounts partly for the exhaustion of those who work for the journal on a voluntary basis. In early 2018 JSSJ will publish its twelth issue, ten years after the inaugural Nanterre conference of March 2008. This anniversary will be an opportunity to explain further the situation the journal finds itself in, but also the reasons we have to be optimistic about what we have accomplished. We will host contributions which cast light on some parts of the international network created around JSSJ. This is why no call for contributions appears in this installment of our journal.

 

 

Celui-ci est un projet de longue date, coordonné par Béatrice Collignon et Irène Hirt et consacré entièrement, tant le dossier que la rubrique Espace Public, à une réflexion sur justice spatiale et peuples autochtones. Il présente un champ de recherche qui nous semble montrer à nouveau l’efficacité et l’utilité pour la recherche comme pour la compréhension du monde de la mobilisation du concept de justice spatiale.

This issue, is the result of a long-term project conducted by Béatrice Collignon and Irène Hirt about spatial justice and indigenous people, the theme of the entire issue, including the Public Space section. This field seems to demonstrate anew how effective and fruitful it is for research and a general understanding of the world to engage with the idea of spatial justice.

 

 

Tant il est clair que c’est par une relation à un espace que les peuples dits autochtones se définissent, mais aussi que c’est par des revendications territoriales qu’ils s’organisent et réclament à la fois distribution plus juste et reconnaissance. Une autre caractéristique forte des textes réunis ici est qu’ils démontrent la nécessité de penser les problèmes de justice à plusieurs échelles à la fois, locale, régionale, nationale et globale ; c’est une caractéristique, certes, liée au sujet, mais rien n’est aujourd’hui plus généralisable : pour penser la justice spatiale il faut à la fois penser les différentes dimensions de l’espace dans une référence, même implicite, à Henri Lefebvre, mais aussi penser la question scalaire. Cela signifie non seulement penser les emboîtements d’échelles mais aussi comprendre, pour guider l’action, comment il est possible, ou pas, de mobiliser à plusieurs échelles, d’identifier les échelles d’action les plus efficaces. Enfin, si notre revue a appelé depuis ses débuts à plus d’inter-disciplinarité, elle a ici un sujet qui en prouve absolument la nécessité, renouvelons donc nos appels à ces échanges disciplinaires, entre sciences sociales, entre sciences sociales et humaines, et pointons tout particulièrement une nécessité qui nous semble de plus en plus urgente : associer plus les sciences juridiques aux recherches prenant en compte la dimension spatiale de société.

So-called indigenous people clearly define themselves in relation with space, and stake territorial claims as part of their self-organization and struggle for recognition and redistribution. Many of the papers in this issue also make clear the need to think issues of justice at several scales simultaneously, as local, regional, national and global. While this is a feature of indigenous movements, it also applies more generally: thinking about spatial justice implies thinking about the various dimensions of space, in reference, be it implicitly, to Henri Lefebvre, but also about politics of scale; thinking, that is, about the articulation of scales but also understanding how one can act, mobilize at various scales and which are most efficient for so doing. Our journal began with a call for transdisciplinary research, and it is a position we stand by more than ever and keep calling for (as much as the issues call for it), as we believe cooperation between social sciences and more urgently still, between social sciences and research in the field of law, which also question space.